Ma rencontre avec les ateliers d’écriture

Je prends le temps, ici, d’expliquer un peu plus cette activité – quelque peu énigmatique, parce que peu connue – qu’est l’atelier d’écriture.

Il y a encore quelques années, lorsque j’ai commencé à animer mes propres ateliers, cette activité était alors particulièrement peu courante et surtout, très inégalement répandue selon les régions. J’étais alors étudiante à Paris, et c’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai moi-même découvert, pour la première fois, ce qu’était un atelier d’écriture.

C’est lors de ma 3 ème année de Licence en Lettres modernes à Paris VIII que j’ai participé à un cours qui était intitulé « Atelier d’écriture jeunesse ». Je me souviens parfaitement de l’ambiance de ce cours parce qu’il ne cochait absolument aucune case de ce que l’on peut attendre d’un enseignement scolaire.

Nous étions libres de nous déplacer où nous le souhaitions pendant les 3 heures de cours, libres de nous promener dehors et même libres de rentrer chez nous pour écrire au calme si nous le souhaitions (nous rendions alors notre production par mail, plus tard dans la soirée ou même dans les jours qui suivaient). La prof ne squattait jamais son bureau mais y préférait ceux des étudiants. Elle s’asseyait à même la table, dans une attitude de décontraction qui était bien évidemment communicative.

L’atelier se présentait comme ça : à chaque session, nous avions un thème sur lequel nous échangions et sur lequel notre prof nous donnait quelques références, et puis, elle nous lançait une question à partir de laquelle écrire. Il ne s’agissait pas d’une dissertation ni forcément d’un texte de création. En fait, et c’est ça qui était génial, la forme ne comptait pas.

D’une séance à l’autre, je pouvais plutôt m’aventurer dans le conte, la fiction à 100 % ou bien partir sur un texte extrêmement réflexif où j’interrogeais les limites de ce que nous appelons la « littérature jeunesse ». L’idée, c’était de nous laisser expérimenter en direct ce que cette question provoquait en nous.

Cet atelier, combiné à d’autres cours que je suivais et qui étaient particulièrement axés sur l’écriture créative (notamment dans la notation finale) m’ont remis le pied à l’étrier de l’écriture. J’ai toujours écrit des choses, des bribes d’histoires, beaucoup de rêves également, mais à présent, il y avait un vrai désir d’écriture qui se profilait, et aussi, peut-être, quelque chose de l’ordre du style. Ou plutôt : de l’univers.

L’année qui suivit j’intégrai le Master de Création littéraire de la même université. Au programme : des cours, mais aussi : des ateliers d’écriture.

J’ai compris très rapidement une chose essentielle dans le monde des ateliers d’écriture : il y a autant d’ateliers qu’il y a d’animateurs. Ce qui veut dire que vous ne pourrez pas retrouver les mêmes exercices, le même univers, la même ambiance, le même parti pris d’un animateur à un autre. Un atelier est majoritairement nourri de la sensibilité, des influences littéraires (et globales), de la façon d’être au monde et avec les autres de son animateur.

J’ai profité de chaque atelier, chaque animateur, chacune de mes expériences de participante pour me lancer dans l’animation à mon tour.

Il se trouve que j’ai d’abord commencé avec un public jeune, en intervenant régulièrement dans des écoles primaires parisiennes pour l’association nationale du Laboratoire des Histoires ; puis des adolescents, en me déplaçant en banlieue et aller à la rencontre d’un public qui n’aime pas écrire ; pour enfin m’essayer au public adulte.

Tous les publics sont intéressants à rencontrer en atelier d’écriture parce que chaque génération comporte des aspects que l’on oublie ou que l’on découvre de l’écriture. Avec les années, j’ai préféré me spécialiser dans le public adulte, mais cela ne m’empêche pas de réaliser des missions ponctuelles pour les enfants. Et c’est toujours un plaisir de retrouver la force de leur imaginaire et la vivacité de leur spontanéité.

Si je devais donner 3 raisons qui, personnellement, m’ont poussé vers le public adulte, ce serait :

  • une capacité de concentration nettement plus longue (un adulte peut écrire pendant 2 heures),
  • la possibilité de traiter de tous les sujets (sans tabou),
  • une relation plus équilibrée et plus forte (l’échange entre l’animateur et le participant est d’égal à égal).

Si vous souhaitez savoir comment je me suis lancée dans l’animation de mes propres ateliers, je vous invite à lire l’article dédié, juste ici.

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