C’est quoi un relecteur professionnel ?

Relectrice… ?
Du coup, si je comprends bien, tu passes tes journées à lire avachie sur ton canapé, enwrappée dans un plaid avec un chat angora sur les genoux et un mug de tisane (le tout devant un beau feu de cheminée) ?

 

Ce que tu décris ressemble plutôt à une session idéale (allez, disons cliché) de lecture.

Non, je suis bien relectrice, pas la glandue de service.

C’est un métier, c’est un travail, qui se fait bien assis sur une chaise, le dos droit et le cerveau en place.

Le livre est un objet magnifique, culturel, qui inspire l’évasion, la découverte, la passion, en somme : le livre est un objet dont on oublie bien souvent qu’il est un produit.

Quand il arrive dans nos mains, le livre est un vase en terre cuite qui est passé par bien des étapes de modelage, de façonnage, de cuisson et d’émaillage. Il ne s’agit pas d’un objet brut.

Je vous avais déjà partagé brièvement mon expérience de relectrice pour les Éditions Marchialy.

L’avantage avec les maisons d’édition, c’est qu’elles savent très bien dans quel secteur nous sommes, elles savent différencier une lecture qui a pour but d’éditer un texte (c’est-à-dire de le corriger) d’une lecture de plaisir (souvent réservée au lecteur final).

 

Avec les particuliers, c’est plus compliqué.

Il y a quelques jours, alors que j’avais publié sur les réseaux sociaux mon offre de relecture de 1er chapitre, j’ai reçu un commentaire d’une personne inconnue.

« C’est une dizaine de minutes de lecture. Vous faites la correction à ce prix là j’espère… »

Les gens sont charmants sur Internet.

Mais bon, je ne lui jette pas la pierre.

Bien souvent, on n’a aucune idée du fonctionnement de métiers peu connus (ou sur lesquels nous nous sommes jamais renseignés). Ce que ça implique, les limites, la méthode de tarification, etc.

Et puis, bien souvent on a l’impression que tout ce qui touche à la lecture, au livre, ne peut être qu’un plaisir. Il devient difficile alors d’expliquer qu’il existe un aspect professionnel à la chose.

C’est comme quand une étudiante me contacte pour me dire : « j’adore lire, ainsi j’aimerais devenir correctrice. »

Oui, mais non.

C’est super d’adorer lire, c’est effectivement un avantage, mais la correction, ce n’est pas bouffer des ouvrages à la chaîne en profitant de chaque histoire comme une nouvelle opportunité d’évasion.

Et là non plus, je ne lui jette pas la pierre.

La relecture ça demande de la concentration, une grande attention, de l’esprit critique, une remise en question de chaque phrase, de chaque mot, une grande capacité d’analyse, de prise de distance, et d’efficacité.

Relire ce n’est pas simplement faire un constat, c’est aussi et surtout proposer des solutions.

Il y a en plus de cela différents niveaux de relecture, de la plus simple (globale) à la plus approfondie (poussée dans le détail), qui va venir s’adapter à l’avancée du texte, mais aussi aux besoins de l’auteur.

Pour revenir au commentaire de cet internaute, j’aurais pu lui répondre qu’il serait absurde quelque part de corriger des fautes d’un texte qui va être réécrit. Parce qu’à la suite d’une relecture, on est à nouveau projeté dans un chantier.

La relecture, c’est ce qui permet de donner les bons outils, les bonnes méthodes et les bonnes pistes pour la réécriture.

Ça ne m’empêche pas de corriger certaines fautes, parce que je les vois, et que même si mon attention n’était pas portée sur l’orthographe, la grammaire, etc., je ne vais pas faire comme si je ne les avais pas vues. Je les corrige, ou je les note en marge du texte.

 

Quand je relis un texte, cela peut me prendre plusieurs heures, plusieurs jours, selon la taille de ce dernier.
Selon le degré de relecture que l’on me demande d’avoir, je peux mettre quelques secondes, à 1 minute, à plusieurs dizaines de minutes sur une seule page.
Il m’est arrivé bien des fois de passer une demi-heure sur une même page. Parce qu’il y avait plusieurs problématiques, qu’il me fallait revenir en arrière, ou vérifier quelque chose dans les pages suivantes, parce qu’il me fallait me presser le citron pour trouver des solutions. Parce que je cherche à proposer le mot le plus juste, parce que j’essaie de comprendre ce que l’auteur essaie de dire et moi de reformuler, parce que des fois c’est tout un personnage qu’il faut revoir.

 

 

Alors évidemment, j’ai la chance d’adorer mon métier et d’avoir un travail dans lequel je trouve beaucoup de plaisir, mais cela n’en reste pas un moins une tâche, un service, qui me demande un investissement total.

 

Et si cela vous intéresse vraiment d’en savoir plus sur comment se déroule une séance de relecture, je vous invite à m’envoyer un mail avec vos questions éventuelles. Je préparerai une infolettre spécifique.

 

Ralala… Quand on travaille dans l’écriture, il faut savoir rester souple ! 😉

 

 

Julia / Poisson-Plumes